• Il est rentré tard hier soir. Allongée nue sous le drap, je laissais le sommeil accompagné de ses absurdes pensées amplifiées m'envahir. Je ne l'attendais plus vraiment, mais gardais malgré tout assez de conscience en moi pour entendre les trois cliquetis de la clé tourner un par un dans la serrure et enfin ses pas un peu brusques sur le parquet de la chambre se rapprocher de moi.

    Lorsqu'il m'a enfin rejointe, nous nous sommes aimés jusque tard dans la nuit.
    Il y avait longtemps qu'il ne m'avait plus visité, l'orgasme véritable. Né dans le bas de mon ventre, se déliant prestement dans l'intégralité de mon corps. Depuis l'intérieur de mes cuisses jusqu'au bout de mes doigts. Espacé rythmiquement dans le milieu de ma gorge puis, plus liquide, sabotant l'intérieur de mes lèvres brûlantes et assoiffées, se mettant à fourmiller dans mes reins avant de s'éteindre dans les battements de mon cœur, ne laissant sur ma peau qu'une chaleur humide.
    Lui et moi n'avions plus baisé ainsi depuis, il me semble, des années.
    L'ardeur des vrais amoureux. Lorsque la passion est encore lisse et sous plastique.
    Les années s'écoulant inlassablement, l'empressement des heures à mourir semblait avoir eu raison de notre bonheur.
    Cette nuit là a par la suite marqué mon esprit de longs instants durant. Celles qui suivirent, bien qu'elles ne l'égalèrent jamais, furent pourtant toutes emplies de la même impulsion passionnelle. Nous sommes peu à peu redevenus heureux. Le sexe redécouvert me faisait de nouveau m'épanouir. Je jouissais d'une certaine aisance sociale jusque-là oubliée. Je me sentais belle.

    Le bonheur, nous l'apprenons en grandissant, ne s'enfante hélas jamais seul. Il est le plus souvent l'aboutissement de la douleur, son rejeton succédané. C'est la femme hystérique que j'ai eu au téléphone quelque mois après cette fameuse nuit qui me l'a laissé entendre.

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